Comment créer de « nouvelles » ressources grâce au recyclage ?

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Une citation apocryphe d’Antoine Lavoisier, que l’on croirait spécialement inventée pour soutenir le recyclage. Et pour cause, la majorité de nos « déchets » peuvent être transformés en de « nouvelles matières », réutilisables pour créer du neuf ! Une aubaine à saisir pour éviter de continuer à puiser les ressources naturelles. Chaque année, la « septième ressource » savoir les produits recyclés, en plus des six autres : eau, air, pétrole, gaz naturel, charbon, minéraux) permet ainsi d’économiser plus de 700 millions de tonnes d’émissions de CO2 et pourrait atteindre un milliard de tonnes d’ici 2030. Voilà pourquoi le recyclage, élément clé de l’économie circulaire, est un levier majeur pour freiner l’épuisement de la Terre.

Le concept de « journée du recyclage » serait apparu pour la première fois en 1994 aux États-Unis, avec pour objectif de promouvoir la consommation de produits fabriqués à partir de matériaux recyclés. Ce n’est qu’en 2018, que cette journée a pris une dimension « mondiale » et que le 18 mars a été institué chaque année, sous l’impulsion du Bureau international du recyclage (BIR). La Global Recycling Foundation, soutenue par le BIR, définit alors un double objectif pour cette initiative :

1. Rappeler l’urgence climatique aux dirigeants de chaque pays et souligner l’importance d’une réponse commune, notamment grâce au recyclage ;
2. Demander à chacun de penser les biens qui nous entourent comme des ressources et non des déchets.

Cela peut sembler évident, mais une bonne définition n’est pas superflue… Voici ce que dit l’Union européenne : « Le recyclage consiste en toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Cela inclut le retraitement des matières organiques, mais n’inclut pas la valorisation énergétique, la conversion pour l’utilisation comme combustible ou pour des opérations de remblayage ».

Il s’agit donc de traiter des « produits en fin de vie », appelés à tort « déchets » (industriels ou ménagers), afin de donner une seconde chance à certains matériaux qui les composent. Une façon de redonner de la valeur à nos vieux plastiques, cartons, verres, gravats et autres métaux, en les transformant en de nouvelles matières utilisables. Tout cela ne vous est pas vraiment étranger, n’est-ce pas ? Et pour cause, dès l’âge du bronze (de 2700 à 900 av. J.-C.), les objets métalliques usagés étaient fondus pour récupérer le métal et l’utiliser pour fabriquer de nouveaux objets. En réalité, le recyclage était présent dans la plupart des civilisations anciennes, jusqu’à nos grands-parents, comme un art : celui de « faire du neuf avec du vieux ».

Tout démarre dans vos poubelles, là où vous réalisez un premier tri sélectif. Mais aussi dans les centres de réutilisation, de tri ou dans les parcs de recyclage, lorsque vous déposez vos encombrants, vos vieux électroménagers ou vos ampoules. Cette première étape de la chaîne du recyclage est capitale… Elle permet à certains acteurs spécialisés de collecter les différentes catégories de déchets et de les acheminer vers des lieux équipés pour les transformer (ce qui peut l’être, le reste est incinéré ou enfoui).

Généralement, on distingue trois grandes familles de techniques de recyclage :

• Le recyclage « chimique » qui consiste à utiliser une réaction chimique pour traiter les déchets, par exemple pour séparer certains composants ;
• Le recyclage « mécanique » dont le but est de transformer (en broyant, par exemple) les objets à l’aide d’une machine ;
• Le recyclage « organique » vise à produire des engrais ou du carburant (comme le biogaz), après compostage ou fermentation.

Verre, carton, plastiques ou métaux, arrivés sous forme de déchets, ressortent ainsi sous forme de « matière recyclée », prête à être utilisée par des entreprises ou des industries.

Vous l’avez compris, le recyclage permet de valoriser une partie de nos déchets.

Avec un double impact clé :

1. réduire le volume de déchets à « évacuer » et qui génèrent de la pollution ;
2. économiser les ressources naturelles puisées dans le sol, puisque nous disposons de matière recyclée prête à être utilisée !

Par exemple, une ampoule, une fois collectée, est presque entièrement recyclée, puisque 90 % de ses composants ont droit à une nouvelle vie : le verre permet de fabriquer des isolants ; les métaux (cuivre, fer, aluminium) sont eux aussi réutilisés, contribuant ainsi à limiter leur extraction dans les mines… Saviez-vous que chaque tonne de carton recyclé fait économiser 2,5 tonnes de bois ; chaque tonne de plastique recyclé équivaut à 700 kg de pétrole brut en moins ; chaque feuille de papier recyclé permet d’éviter la consommation d’un litre d’eau, de 2,5 Wh d’énergie et de 15 g de bois.

Les chiffres belges sont plutôt flatteurs, surtout en ce qui concerne les PET, c’est-à-dire les plastiques fabriqués à base de pétrole. En effet, le taux de recyclage des emballages en plastique a atteint 51 % en 2020, c’est-à-dire mieux que l’objectif européen de 50 %. Actuellement, le traitement de ces déchets se fait principalement en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais dès 2023, la Belgique devrait pouvoir en traiter la moitié…

Du côté des emballages ménagers commercialisés en Belgique, 2020 a aussi été une belle année : près de 95 % ont pu être recyclés, soit 764,122 tonnes. D’autres domaines se développent, tels que le recyclage des terres et déchets de construction, des déchets médicaux, du textile, des métaux et du verre, etc.

Vous voulez connaître la part de vos déchets recyclés ? Fost Plus (organisme en charge des déchets d’emballages ménagers) estime qu’un total de 65 kilos d’emballages ménagers par habitant est recyclé : 32,2 kilos de verre, 16,9 kilos d’emballages en papier et carton, et 15,8 kilos de PMC.

En tant que consommateurs, nous jouons tous un rôle important, grâce à des habitudes d’achat plus respectueuses de l’environnement, des réflexes de tri sélectif bien ancrés, une meilleure gestion de nos déchets, des choix plus écoresponsables ou des initiatives incroyables. Du côté des entreprises, on constate également de belles idées pour mettre en avant les matériaux recyclés.

Plusieurs illustrations bien différentes et inspirantes, dans des secteurs très différents (textile, alimentaire, mobilité, etc.):

• Become, une jeune marque belge qui fabrique des vêtements et des accessoires en polyester à partir de bouteilles en plastique recyclées ;
• La startup Decarbone propose, quant à elle, aux entreprises de remplacer les moteurs thermiques par des électriques
• L’enseigne Bio-Planet de Braine-l’Alleud, dans le Brabant wallon, met désormais à disposition de ses clients des paniers conçus à partir de polypropylène recyclé issu de déchets en plastique et des filets de pêche usagés de nos océans ;
• Le concept store ReCycle redonne une seconde vie aux vélos ! ;
• La start-up belge Resortecs estime pouvoir réduire de moitié les émissions de CO2 dans le secteur de la mode à l'échelle globale, soit la troisième industrie la plus polluante au monde
• Permafungi, une coopérative à finalité sociale basée à Bruxelles, recycle le marc de café pour produire des pleurotes et des chicons bio. Cerise sur le gâteau : après la culture des champignons, une partie du substrat restant est utilisée pour créer un… luminaire 100 % biodégradable !
• Plastic Factory est un collectif familial qui collecte des bouchons en plastique pour créer de magnifiques objets du quotidien : bols, bijoux, luminaires, etc. ;
• WeCircular, autre jeune start-up belge, veut promouvoir l’économie circulaire en Belgique et propose par exemple de prendre en charge de A à Z la collecte et le recyclage des mégots de cigarettes, qui mettent une quinzaine d’années pour se dégrader dans la nature !;

Chez ENGIE, nous nous engageons aussi dans plusieurs démarches de recyclage, par exemple, en s’inscrivant au sein du projet ZEBRA pour développer et installer des pales d'éoliennes 100% recyclables. Mais les panneaux photovoltaïques participent également à un avenir plus neutre en carbone, voilà pourquoi les technologies solaires sont un moyen clé d’investir dans une énergie renouvelable et durable. Dans cet article, nous vous expliquons également comment ils sont recyclés, une fois arrivés en fin de vie.

« Économiser » plus et consommer « mieux » ? C’est possible !

• D’abord, par la prévention, en réduisant notre production de déchets : tendre vers le zéro déchet, acheter moins d’emballages, privilégier les objets durables ou utilisant des matériaux recyclés, etc.
• Vous avez des objets en fin de vie en votre possession ? Avant de les envoyer au recyclage, faites appel à votre créativité pour tenter de les revaloriser, soit tel quel ou en les transformant. Ou encore en faisant réparer ou en donnant ce qui ne vous est plus utile. Une « réutilisation » qui permet aussi d’éviter les déchets !
• Ce n’est pas possible ? Alors, soyez certain de le déposer dans la bonne filière de recyclage. Par exemple, pour vos appareils électroménagers, dans un magasin, un point de recyclage ou un parc à conteneurs.