Low-tech : la technologie peut-elle être durable, au service de la planète et de l’humain ?
Voitures volantes, écrans enroulables, smartphones pour animaux, robots de cuisine « artificiellement » intelligents, casques de réalité virtuelle ou toilettes immersives, la technologie semble ne pas avoir de freins. De Back To The Future II au film Her, en passant par Ghost in the Shell ou Matrix, la science-fiction a contribué à créer un imaginaire du futur hautement high-tech, non sans dérives (hello Black Mirror)… Mais, si les idées des scénaristes hollywoodiens sont sans limites, les ressources de notre planète, elles, ne sont pas illimitées !
Un constat : la planète en surchauffe
La course au « toujours plus de technologie, de vitesse, de data ou de numérique » consomme des ressources naturelles. Malgré leurs bénéfices, force est de constater que les high-tech épuisent la planète et contribuent au réchauffement climatique. En effet, même le monde virtuel repose sur des objets et des infrastructures bien réelles (câbles, serveurs, antennes, etc.), gourmands en énergie, en métaux rares, etc. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, la seule extraction de minerais a plus que triplé entre 1970 et 2010 : un rythme effréné, avec un impact écologique important, alors que nous faisons face à un énorme défi environnemental… En effet, selon le rapport, les industries extractives sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre et de la perte de plus de 80 % de la biodiversité.
Voilà pourquoi nous tentons de contribuer à bâtir un avenir plus durable, citoyens, gouvernements ou entreprises, comme le fait ENGIE, au travers de plusieurs initiatives dans le domaine de l’énergie, de la biodiversité, etc. Dans certains cas, la technologie apporte son lot de solutions, mais un mode de vie plus sobre et en lien avec nos réels besoins, est parfois la bonne réponse. Des économies de consommation au recyclage, en passant par une mobilité plus douce ou un rapport différent à la technologie. C’est l’objectif d’une démarche low-tech : des techniques simples, pratiques, économiques, réparables, respectueuses de l’environnement et économes en énergie, applicables à tous les domaines de notre vie quotidienne.
Low-tech ou pas, comment faire la différence ?
Comme définit par le Low-tech Lab, le terme low-tech qualifie « des objets, des systèmes, des techniques, des services, des savoir-faire, des pratiques, des modes de vie et même des courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes » :
- Utile, c’est-à-dire que cela répond à nos besoins essentiels, individuels ou collectifs ;
- Accessible au plus grand nombre ;
- Durable, donc optimisé sur le plan de l’impact écologique, environnemental, social ou sociétal. C’est-à-dire aussi produit et « réparable » localement.
Les intentions sont claires : ne pas consommer davantage d’énergie, de matériaux et de ressources que ce que notre planète peut durablement fournir. Mais concrètement, comment intégrer le low-tech dans votre quotidien ?
La low-tech, une autre vision du futur
Derrière la démarche low-tech, des technologies soutenables et économes. A l’opposée de l’obsolescence programmée, elle tente de concilier durabilité et technologie, à travers des solutions et des objets plus robustes, donc, réparables ; et plus sobres, c’est-à-dire capables de « faire le boulot », mais sans fioritures. Loin du rejet de la technologie ou d’un caricatural « retour à la bougie », la low-tech invite au « bon dosage » technologique et à davantage de sobriété.
Une façon de revenir à l’essentiel et de (mieux) vivre notre quotidien, dans le respect de notre environnement. Comme l’écrit Philippe Bihouix, auteur de L’âge des low-tech : vers une civilisation techniquement soutenable, « il est toujours plus difficile de nettoyer que de ne pas salir, d’essayer de refroidir après avoir réchauffé, de réparer plutôt que de ne pas casser ; cela vaut pour les assiettes comme pour les biosphères ».
Les low-tech, une infinité d’exemples
On retrouve des pratiques, des objets ou des techniques low-tech dans tous les domaines, parfois inspirés de savoirs traditionnels et souvent avec une bonne dose d’ingéniosité. De l’écoconstruction à l’agroécologie, en passant par la maison, le jardin, la mobilité ou l’alimentation, voici plusieurs idées et tutoriels pour mettre la main à la pâte…
Des plantes sans terre
C’est le principe de l’hydroponie. Une façon de faire pousser vos plantes sur des billes en argile ou de la fibre de coco, qui divise la consommation d’eau nécessaire par dix !
Des lampes allumées par le vent
Saviez-vous qu’il est possible de fabriquer une éolienne domestique avec de vieux moteurs d’imprimantes ? Grâce à de simples pâles, vous pouvez ainsi générer une électricité suffisante pour recharger un smartphone ou allumer des lampes d’extérieur. Un bon moyen de profiter de l’énergie renouvelable offerte par le vent…
La mouche soldat noire
Vous avez un compost à la maison ? Bonne idée ! Grâce à un petit élevage de larves de mouche soldat noir, vous obtenez de véritables broyeuses de déchets organiques. Elles peuvent ensuite servir pour alimenter les grillons, eux-mêmes un excellent met pour nous, êtres humains. Grillés, ils constituent un repas, certes un peu spécial, mais très riche en vitamine B12 et en protéines et bien plus respectueux de la planète que la viande.
La marmite norvégienne
Un incroyable ustensile de cuisine qui permet de cuire vos aliments de façon passive et avec une belle économie d’énergie à la clé…
Une lampe solaire « maison »
Voilà comment fabriquer votre propre lampe solaire munie d’un chargeur USB, en utilisant des cellules lithium récupérées sur des batteries de vieux ordinateurs portables. Un système portable, offrant environ 4 h de lumière, permettant de récupérer une précieuse ressource naturelle : le lithium. En plus, ce n’est vraiment pas sorcier !
Le frigo du désert
Le zeer est un « réfrigérateur » utilisé en Afrique, notamment au Maroc, qui fonctionne uniquement avec de l’eau. Inspiré du concept des poupées russes, il est constitué de deux pots en terre cuite imbriqués et de tailles différentes, séparés par une couche de sable. Grâce à l’évaporation de l’eau, les aliments contenus à l’intérieur restent au frais… Difficile à croire ? Regardez !
Du soda à partir de peaux de kiwi
Grâce au principe de la fermentation, vous pouvez réaliser une multitude de recettes salées et sucrées, simples, saines et anti-gaspillage. Par exemple, une boisson pétillante obtenue par la fermentation spontanée et naturelle de peaux de kiwi. Délicieux et bon pour la santé… Vous ne mangez pas de kiwi, ça marche aussi avec des citrons et plein d’autres fruits.
Des blancs d’œufs battus « avec les pieds »
Quand vous faites un gâteau, vous utilisez certainement un batteur électrique pour faire monter vos blancs en neige. Et si vous pédaliez à la place ? C’est le concept de ce pédalier en structure bois, qui montre comment l’énergie musculaire peut remplacer certains ustensiles électriques, puisqu’il est possible de le décliner en remplaçant le batteur par d’autres outils, comme un moulin à céréales, une machine à coudre ou une perceuse. Un peu comme les bornes pour recharger son smartphone, qui permettent aussi de prendre conscience de notre consommation électrique.
Et encore plein d’idées !
Un moulin à café au lieu d’un broyeur électrique, une essoreuse à salade manuelle, une cloche comme sonnette d’entrée, un balai plutôt qu’un aspirateur, une carte routière pour oublier les ordres du GPS, un briquet suédois à la place d’un briquet jetable, un étendoir plutôt qu’un séchoir ou encore une machine à laver à pédales, vous voulez encore plus d’inspiration ? Retrouver plein d’autres tutoriels et de prototypes sur le site du Low-tech Lab, sur Low-tech Belgium ou sur Low-Tech Magazine, un site web qui fonctionne grâce à l’énergie solaire (donc il est parfois hors-ligne) !
Toutes ces idées, c’est bien joli, mais est-ce que cela fonctionne vraiment ?
Un « labo » flottant pour la low-tech !
Vous en avez peut-être entendu parler… Après six années d’aventures, 25 escales et 53 expériences low-tech, le Nomade des mers, un catamaran porte-drapeau de l’innovation durable, concluait son voyage. Une expédition autour de la planète initiée par l’ingénieur Corentin de Chatelperron, fondateur du Low-tech Lab, et avec la collaboration de la Belge Caroline Pultz. Véritable laboratoire flottant des low-tech, le but de cette expérience était de partir autour de la planète, en quête d’inventions ingénieuses permettant d’économiser les ressources et pour montrer que les low-tech fonctionnent ! Sur le bateau, l’équipage a fait pousser des plantes, élevé des grillons, utilisé de l’énergie solaire et éolienne, filtré son eau, recyclé ses déchets, etc.
Preuve qu’une vie plus sobre, saine et durable est possible, à la fois salutaire pour notre bien-être, notre planète et notre portefeuille.