Comment transformer votre logement en « Low Emission Zone » ?

Et si on vous disait que votre maison « pollue » plus que votre voiture ? Dans les grandes villes, les zones à basses émissions (LEZ) ont fleuri pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des véhicules. Pourquoi ne pas faire pareil chez vous ?
Paul
Paul D.
14/01/2025 |
 Comment convertir votre domicile en « zone à faibles émissions » ?

Bruxelles, Gand, Anvers, mais aussi Amsterdam, Paris, Berlin ou Milan, plus de 350 villes dans une quinzaine de pays européens se sont dotées d’une Low Emission Zone (LEZ). Des zones à basses émissions qui voient aussi le jour ailleurs sur la planète, du Japon à l’Argentine, en passant par la Chine et même les États-Unis. Et pour cause, la mobilité représente un poids certain dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Vous ne voyez pas le rapport entre une LEZ et votre maison ? Regardons de plus près en quoi consistent ces territoires urbains réservés aux véhicules les moins polluants, avant d’explorer un autre secteur clé du défi climatique : le logement !

Low Emission Zone, un boost pour la mobilité verte

Vous n’avez pas encore franchi le cap de la voiture électrique ? Votre véhicule actuel, essence ou diesel, n’est plus tout jeune ? Alors, vous avez certainement déjà été confronté à une « zone à basses émissions », à l’entrée de certaines grandes villes. En effet, des panneaux indiquent que vous êtes sur le point de pénétrer dans une LEZ, aussi baptisée ZFE-m en France, Milieuzone aux Pays-Bas ou Umweltzone en Allemagne.

 Des panneaux signalent que vous vous apprêtez à entrer dans une zone à faibles émissions

Concrètement ? Cela signifie que certains véhicules, en fonction du combustible et de l’âge, ne sont plus autorisés à circuler dans le cœur urbain. En cas de non-respect de la règle, gare à l’amende ! Même si les LEZ ont parfois fait grincer des dents, force est de constater qu’elles portent une véritable ambition environnementale : 

  1. Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), dont le CO2, qui sont coresponsables du réchauffement climatique ; 
  2. Diminuer également les émissions de polluants atmosphériques (dioxyde de soufre, les oxydes d’azote, etc.), néfastes pour la qualité de l’air et la santé des citadins.

Les métropoles souhaitent donc encourager une mobilité plus « verte », car le transport routier est responsable de 20% des émissions de GES en Europe, dont environ 60% peuvent être attribués aux voitures. Mais il existe un autre secteur, qui pèse lourd dans la balance environnementale : le bâtiment ! 

Pourquoi transformer votre logement en Low Emission Zone ?

En Belgique, chaque habitation émet environ 2,7 tCO2 par habitant, soit plus que 10 000 kilomètres au volant d’une voiture thermique (2,2 tCO2) ! Au total, le logement serait ainsi responsable de 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre, majoritairement à cause de la consommation énergétique. Sur le podium de la consommation énergétique du logement, on retrouve :

  1. Le chauffage (60%) ;
  2. La production d’eau chaude (15%) ;
  3. Le frigo et le congélateur, à égalité avec l’éclairage (6%).
 Le chauffage porte la plus grande part de l’empreinte carbone du logement

Vous l’avez compris, comme pour la mobilité, il est donc capital d’agir pour contribuer à construire un avenir neutre en carbone, en appliquant une logique similaire de réduction progressive des émissions. Autrement dit ? Transformer sa maison en Low Emission Zone ! Voici notre plan d’action en 3 étapes.

1. Identifier les « véhicules polluants » de votre maison

Pour embrasser un quotidien plus vert, la première étape consiste à mettre un nom sur les « gros pollueurs » de votre logement. On les appelle les énergivores, c’est-à-dire tous les appareils très gourmands en énergie. Mais il faut également prendre au sérieux certaines situations, qui pénalisent la performance énergétique de votre foyer.

1. Une vieille chaudière ? Comme conduire un vieux diesel, fidèle, mais polluant.

Le chauffage est responsable de 60% de votre consommation énergétique, votre chaudière joue donc un rôle capital… Or, si votre appareil de chauffage affiche plus de 15 ans au compteur, son rendement risque de ne plus être optimal, consommant jusqu’à 30% de plus qu’une chaudière moderne.

De plus, comme pour les voitures, certains « carburants » sont plus polluants que d’autres. Raison pour laquelle les jours de la chaudière mazout sont comptés, alors que la pompe à chaleur est clairement la solution d’avenir pour chauffer sa maison, car plus respectueuse de l’environnement. Entre les deux, le système hybride et la chaudière au gaz sont deux autres alternatives. On vous explique tout sur les soutions de chauffage durables dans cet article.

Comment identifier les « véhicules polluants » de votre maison?

2. Des électros énergivores « mal » utilisés ? Comme rouler en 5e dans une zone 30.

Ce n’est pas optimal pour votre moteur, mais en plus, vous allez consommer plus que nécessaire… C’est pareil pour votre frigo, un congélateur, un four ou une machine à laver. Des appareils dont nous en avons tous besoin, mais qui sont énergivores. Raison pour laquelle vous avez intérêt à appliquer certains trucs et astuces pour optimiser leur usage, comme le mode éco de votre lave-linge, le remplissage de votre frigo, le dégivrage de votre congélo, etc.

3. Les déperditions de chaleur ? Comme avoir une fuite de moteur.

Chauffer votre logement est une chose. Mais encore faut-il que la chaleur ne s’échappe pas et que les courants d’air froid ne s’engouffrent pas à l’intérieur. Les zones sensibles sont vos fenêtres, votre porte d’entrée, vos accès à la cave, au grenier ou au garage, etc.

4. Le manque d’isolation ? Comme rouler les vitres ouvertes avec le chauffage à fond.

Une maison mal isolée peut perdre jusqu’à 30% de sa chaleur, rien que par le toit. C’est pareil pour les murs et le sol. Lorsque la « carrosserie » de votre habitation (toit, murs, plancher) ne vous protège pas assez des éléments extérieurs, le froid s’infiltre de partout et la chaleur s’échappe en continu. Votre chauffage doit alors tourner à plein régime pour maintenir la température.

Passer votre « contrôle technique » énergétique avec un audit énergétique et le PEB

2. Passer votre « contrôle technique » énergétique

Comme pour les véhicules, il est possible de passer votre logement au crible, afin de diagnostiquer précisément les « véhicules polluants » et les points d’amélioration, mais aussi mesurer la performance énergétique globale de votre habitation. Pour réaliser ce check-up, vous disposez de deux outils majeurs.

  1. Le PEB

Selon les estimations, 42% des Belges ignoreraient le score PEB de leur habitation. Pourtant, ce certificat est une véritable carte d’identité énergétique de votre logement, qui précise la consommation théorique d’énergie du bâtiment. D’ailleurs, le PEB est obligatoire dans certaines situations précises, comme la vente ou la location d’un bien immobilier. Pour l’obtenir, vous devez faire appel à un certificateur indépendant et agréé par votre Région.

  1. L’audit énergétique professionnel

Pour aller encore plus loin, vous pouvez aussi demander un diagnostic énergétique complet de votre habitation. Ce type de rapport est un atout pour passer à l’action, car il comprend généralement une évaluation précise des opportunités d’amélioration énergétiques, des recommandations personnalisées et une feuille de route pour une future rénovation.

3. Mettre en œuvre le plan « LEZ » de votre maison

Comme pour les Low Emission Zone urbaines, on ne peut pas tout changer du jour au lendemain. Vous devez y aller étape par étape, en tenant compte de vos contraintes, de vos possibilités et de votre budget « travaux énergétiques ».

Mettre en œuvre le plan « LEZ » de votre maison

Par contre, mieux vaut commencer ce « voyage » dès maintenant pour arriver à temps à destination… En effet, les règles européennes, sur lesquelles la Belgique doit se calquer, prévoient que :

  1. tous les nouveaux bâtiments devront être zéro émission d’ici 2030 ;
  2. tous les bâtiments existants devront l’être pour 2050 !

Par où commencer ? Comme tout périple, la rénovation énergétique de votre logement débute par de petits pas, avant de réaliser, un jour de grands bonds. Voici les 3 étapes :

Parcourez les premiers kilomètres avec des solutions rapides et efficaces

Cela revient à vérifier l’huile de votre voiture, contrôler la pression des pneus et donner un petit coup de chiffon sur le tableau de bord. Des écogestes faciles et peu coûteux, mais qui font déjà la différence. Par exemple :

  1. Remplacer vos ampoules par des LED ;
  2. Effectuer l’entretien de votre installation de chauffage ;
  3. Régler correctement votre thermostat ;
  4. Acheter des boudins de porte ;
  5. Utilisez efficacement vos électros ;
  6. Etc.
Les écogestes pour faire des économies de chauffage chez vous

Passez à la vitesse supérieure pour des améliorations notables

Pour accélérer la cadence et faire encore plus d’économies, vous pouvez commencer le « tuning » écologique de votre logement. Comme pour changer de pneus ou colmater une fuite moteur, c’est possible pour un budget raisonnable, un peu de temps et/ou quelques connaissances. 

  1. Changer les joints d’étanchéité de vos portes et fenêtres ;
  2. Remplacer votre frigo ou d’autres électros énergivores par des modèles plus économes en énergie ;
  3. Remplacer votre vieille chaudière par une solution plus efficace -, comme opter pour une (nouvelle) chaudière à condensation au gaz pour une efficacité optimale ou envisager un système hybride combinant le gaz et les énergies renouvelables ; 
  4. Etc.
De gros travaux pour transformer votre maison en low émission zone

Prenez l’autoroute écologique pour transformer votre maison en LEZ

C’est le grand saut, comme si vous remplaciez votre voiture diesel par un véhicule électrique ! Certes, cela représente un investissement, mais vous êtes prêt pour le présente et le futur. Dans le cadre de votre logement, c’est, par exemple :

  1. Isoler en profondeur les combles, la toiture ou les murs ;
  2. Remplacer les châssis de vos fenêtres ;
  3. Miser sur une installation de chauffage plus écologique, comme la pompe à chaleur ;
  4. Installer des panneaux solaires 
  5. Etc. 

Une fois la fin du voyage, votre logement sera une Low Emission Zone. Vous allez faire de sacrées économies sur votre facture d’énergie, tout en contribuant à créer un avenir neutre en carbone. Alors, prêt à transformer votre maison en LEZ ?